5 November 2013

Square des Poètes, Auteuil

The Square des Poètes, or Jardin des Poètes, is an amazing public park adjoining the Jardin des serres (greenhouses) in Auteuil, in the 16th arrondissement. It is the brainchild of the poet Pascal Bonetti (1888–1975), President of Honour of the Société des Poètes français. Here, a large number of metal plaques containing verses of poets – some of whom are quite obscure writers – are attached to rocks and scattered about the lawns of the park, along with several busts. Time and the weather have made some of these plaques less legible than others, although I transcribe (but don't translate) each one in alphabetical order (apart from Bonetti) in the hope of not making too many errors: at almost one hundred, the sheer number is exceptional!

I only hope that no plans for extension of the monster Roland Garros tennis complex nearby ever interfere with this wonderful public space.
 
DÉDIÉ PAR LA VILLE DE PARIS AUX POÈTES
CE JARDIN
A ÉTÉ INAUGURÉ LE 15 MAI 1954
PAR
M. FRÉDÉRIC DUPONT
PRÉSIDENT DU CONSEIL MUNICIPAL
EN PRÉSENCE DE
M. ANDRÉ MARIE
MINISTRE DE L'EDUCATION NATIONALE
ANCIEN PRÉSIDENT DU CONSEIL
ET DE
M. PASCAL BONETTI
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES POÈTES FRANÇAIS
 
PASCAL BONETTI

C'est l'heure faste où le couchant
Met son point d'orgue sous les arbres
Comme pour exalter le chant
Qu'ici l'on grava sur les marbres.
Respire sur ces tertres verts
Le lyrique encens de la terre...

(PROMENADE VESPERALE)
 
GUILLAUME APOLLINAIRE
(1880 – 1918)
L'ADIEU

J'ai cueilli ce brin de bruyère
l'automne est mort souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur terre
Odeur du temps brin de bruyère
Et souviens-toi que je t'attends.

(Alcools)
 
LOUIS ARAGON
1897 – 1982

O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et juin poingnadé
je n'oublierai jamais les lilas ni les rose
Ni ceux que le printemps dans ses plis a gardés.
 
EDMOND ARAUCOURT
1856 – 1941
La Soeur

Comme un clair paysage
         après la traversée.
Tu reposes de la tempête et du labeur,
    Et tes bras dans lesquels
         on peut dormir sans peur.
    Sont des jardins d'oublis
           où meurt toute pensée.

(Seul)
 
THÉODORE de BANVILLE
(1823 – 1891)

Pâle et muet, j'entends le murmure des roses:
Et de tous les trésors et de toutes les choses
Qui plantent dans nos coeurs un regret meurtrier,
Tu le sais bien, je n'ai voulu que toi, Laurier!

(Les Exiles)
 
CHARLES BAUDELAIRE
1821 – 1867

Voici venir les temps oû, vibrant sur ta tige,
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir,
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir,
Valse mélancolique et langoureux vertiges!

(HARMONIE DU SOIR)
 
RÉMY BELLEAU
(1528 – 1577)

L'aubépine et l'aiglantin,
Et le thym.
L'œillet. le lys et les roses,
En cette belle saison,
A foison,
Montrent leurs robes écloses.

(Avril)
 
ANDRÉ BERRY
(1902 – 1986)
EPILOGUE

Vie à tous désirs favorables,
Reviens à moi, vie adorable,
Reviens à moi, qui tant aimai !

(Le congé de jeunesse)
 
Émile BLÉMONT
1838 – 1927

Quand il ne restera de moi qu'un peu de cendre,
Oubliez ma faiblessse, oubliez mes travers,
Ne retenez, sans trop y condescendre
Que les plus touchant de mes vers.
NICOLAS BOILEAU
(1636 – 1711)

Laborieux valet du plus commode maître
Qui pour te rendre heureux ici bas pouvait naître,
Antoine, gouverneur de mon jardin d'Auteuil,
Qui dirige chez moi l'if et le chèvrefeuil,
Et sur mes espaliers, industrieux génie,
Sais si bien exercer l'art de La Quintinie.
 
GASTON BOURGEOIS
1910 – 1988

Nous poursuivrons le temps qui, rapide, nous fuit,
L'amour au coeur et sans regarder en arrière
Avec pour seul bagage une âme de lumière...
Et nous mettrons un peu de rêve dans la nuit.

(ÉPAVES)
 
MAURICE CARÊME
(1899 – 1978)

Eh oui ! Je le sais bien !
Je n'emporterai rien,
Pas même l'ombre d'un nuage.
Mais qu'elle est belle, dans ma main,
Cette fraise sauvage !
 
FRANCIS CARCO
(1886 – 1958)

Je me souviens de la bohême,
De mes amours de ce temps-là !
O me amours, j'ai trop de peine
Quand refleurissent les lilas.
 
JACQUES CARTON
1903 – 1967
d'après Poussin

Courbés sur mon tombeau, jeunes pâtres d'Hellade,
Que scrutez-vous en moi qui vous ressemblais tant?

Mythologies familières

JEAN CASSOU
1897 – 1996
XXV

Paris, ses monuments de sang drapés, son ciel
couleur aile d'avion, dans le soleil couchant,
J'ai tout revu, et j'entendais renaître un chant
lointain, pareil à une levée d'étincelles.

(Sonnets composés au secret)
 
PHILIPPE CHABANEIX
(1898 – 1982)

Mais, loin des rythmes et des sèves
Que porte en soi le printemps vert
Les perce-neige de nos rêves
N'ont pas duré plus que l'hiver.

(Musique des jours et des nuits)
 
ANDRÉ CHÉNIER
1762 – 1794

Auteuil, lieu favori, bien fait pour les poètes.
Que de rivaux de gloire unis sous les berceaux.
 
JEAN COCTEAU
1889 – 1963

Je mourrai, tu vivras et c'est ce qui m'éveille !
       Est-il une autre peur ?
Un jour ne plus entendre auprès de mon oreille
       Ton haleine et ton Coeur.

(Plain-Chant)
 
François COPPÉE
(1842-1908)

Est-ce que les oiseaux
se cachent pour mourir ?
 
TRISTAN CORBIERE
1845–1875
RONDEL

Il fait noir, enfant, voleur d'étincelles!
Il n'est plus de nuits, il n'est plus de jours;
Dors... en attendant venir toutes celles
Qui disaient: Jamais! Qui disaient: Toujours!

(Les Amours jaunes)
 
PIERRE CORNEILLE
(1606 – 1684)

Et je dirai que je vous aime
Seigneur, si je savais ce que c'est que d'aimer.

(Psyché, acte III, scène II)
 
GABRIELE d'ANNUNZIO
(1863 – 1938)

France France la douce, entre les heroines
bénie, amour du monde...
Fraîche comme le jet de ton blanc peuplier
que demain tu sauras en guirlandes plier
pour les chants non chantés de ta jeune pléiade...
 
AGRIPPA D'AUBIGNÉ
1552 – 1630

Une rose d'automne
est plus qu'une autre exquise.

(Les Tragiques)
 
LUCIE DELARUE-MARDUS
1880 – 1945

L'odeur de mon pays
         était dans une pomme...

(L'ODEUR DE MON PAYS)
 
Abbé JACQUES DELILLE
1738 – 1813

Les doux ressouvenirs habitent vos bosquets.
La tristesse chérit leur silence paisible.
Et, pour exprimer vos regrets,
La pierre même apprend à devenir sensible.

(VERS POUR LE JARDIN DE MME [D]'HOUDETOT)
 
TRISTAN DERÈME
(1889 – 1941)

Nous attendions des héroïnes
Qui dormissent sous des troènes
Ou tendissent sur des terrasses
Des lis verts et des branches rousses

(La verdure dorée)
 
 
Marceline DESBORDES-VALMORE
(1786 – 1853)

J'ai voulu ce matin te rapporter des roses
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serres n'ont pu les contenir...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
 
Robert DESNOS
1900 – 1945

Or, du fond de la nuit, nous témoignons encore
De la splendeur du jour et de tous ses présents.
Si nous ne dormons pas, c'est pour guetter l'aurore
Qui prouvera qu'enfin nous vivons au présent.
 
GÉRARD D'HOUVILLE
Mme h. DE RÉGNIER, NÉE MARIA DE HEREDIA
(1873–1963)

Ta vie est le prestige et le parfum d'une Heure,
Et les Fleurs qui t'aimaient ne te surivront pas.

(LE JARDIN DE LA NUIT)
 
JEAN-CLAUDE DIAMANT-BERGER
1920 – 1944
MORT POUR LA FRANCE

Lève ton âme, peuple de France,
il s'agit de refaire le monde
à la mesure du Seigneur.
 
LÉON DIERX
1838 – 1912

J'ai voulu vivre sourd aux voix des multitudes,
Comme un aïeul couvert de silence et de nuit,
Et pareil aus sentiers qui vont aux solitudes,
Avoir des songes frais que nul désir ne suit.

(Les Lèvres closes de Paris 1867)
 
CHARLES D'ORLÉANS
(1391 – 1465)

Le temps a laissé son manteau
de vent de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de broderye
De soleil luisant cler et bleu...
 
JOACHIM DU BELLAY
(1522 – 1560)

A vous troppe legere
Qui d'aile passagere
Par le monde volez...
J'offre ces violettes
Ces lis, et ces fleurettes
Et ces roses icy...
 
GEORGES DUHAMEL
1884 – 1966

Moi qui n'ai chéri que la terre
Parée d'herbe neuve et de vent,
Je ressusciterai pourtant
Un jour, dans ma ville natale.

(Élégies, XXIV)
 
MAURICE DU PLESSYS
(1864 – 1924)
L'Hellade

Lumière, ô de l'Amour pudique récompense!
Je meurs content! Je nage aux sources du vrai Bien:
Apollon, à présent, brise un roseau qui pense!

(Le Feu sacré)
 
JACQUES DYSSORD
1880 – 1952

Comme tombent les fleurs des pommiers en avril
A tous vents ont neigé mes pauvres confidences.
On frappe à la porte.
 
ERNEST FLEURY
(1863 – 1931)

Viens ! je te dirai des choses si blanches,
        Que ni les pevenches
        Ni les blancs muguets
N'aurent recueilli, tapis sous les mousses.
        De phrases si douces
        Ni de chants plus gais.

(Andantes)
 
MARTHE-CLAIRE FLEURY
1914 – 1991

La lumière promise aux chemins de prière
Même le temps venu d'en vivre la splendeur
Tu ne la verras pas. Tu seras la lumière

(LA RETRAITE DE GRACE)
 
JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN
1755 – 1794

Que je te plains, petite plante,
Disait un jour le lierre au thym,
Toujours ramper, c'est ton destin,
Ta tige chétive et tremblante
Sort à peine de terre, et la mienne dans l'air
Unie au chêne altier que chérit Jupiter,
S'élance avec lui dans la nue.

(LE LIERRE ET LE THYM)
 
MAURICE FOMBEURE
1906–1981

Il pleur sur le printemps, sur tout, sur les étoiles.
Ne crois-tu pas la nuit qu'il pleut toujours
Quand sur ces vieux chevaux maigres, boiteux et sourds
L'entends jurer sans bruit les cochers de l'averse.

(A dos d'oiseau)
 
JEAN FROISSART
(1333 – 1400)

Sur toutes flours tient-on la rose à belle
Et en après, je croi, la violette ;
La flour de lys est belle, et la perselle ;
Et li pluisour aiment moult l'anquelie,
Le pyonier, le muguet, la soussie.
Cascune flour a par li sa merite.
Mès je vous di, tant que pour ma partie,
Sur toutes flours j'aime la Margherite.
 
 
JOACHIM GASQUET
1873 – 1921

Et soudain ses fraîcheurs, sa splendeur caressante,
Sa tendre ivresse, ses murmures, son émoi,
Ses sources, ses frissons, l'appel de chaque sente,
Prennent forme... Un visage... Ô mon amour, c'est toi !

(LES CHANTS DE LA FORÊT)
 
 
 
 
Théophile GAUTIER
(1811–1872)

Pour les petites pâquerettes
Sournoisement, quand tout dort,
Il repasse des collerettes.
Et cisèle des boutons d'or.

(Premier sourire de printemps)
 
Rosemonde GÉRARD
(1870 – 1953)

Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant par un bais.

(Les Pipeaux)
 
FERNAND GREGH
(1873 – 1960)

Il n'est rien de plus beau qu'une fleur en Avril,
sinon la feuille d'or qui tombe au vent d'Automne.

(Vers dorés)
 
LOUIS GUILLAUME
(1907 – 1971)

Un arbre échoué se lève
Part dans le matin mendier
De toutes ses feuilles données
Reste l'homme.

(Agenda)
 
JOSÉ MARIA de HÉREDIA
(1843 – 1905)

Ici git, Etranger, la verte sauterelle
Que durant deux saisons nourrit la jeune Hellé
Et dont l'aile vibrant sous le pied dentelé
Bruissait dans le pin, la cytise ou l'airelle...

Des larmes d'un enfant, sa tombe est arrosée
Et l'aurore pieuse y fait chaque matin
Une libation de gouttes de rosée.
 
Paul HEURTEBIZE
1901 – 1985

Au calme de la nuit ton jardin se repose...
Toute ta vie est la qui palpite et qui dort :
Lissant secrètement sa chrysalide d'or.
Ta beauté se dépouille et se métamorphose.
 
 
 
VICTOR HUGO
(1802 – 1885)

Quand je suis parmi vous, arbres de ces grands bois,
Dans tout ce qui m'entoure et me cache à la fois,
Dans votre solitude où je rentre en moi-même,
Je sens quelqu'un de grand qui m'écoute et qui m'aime.
 
FRANCIS JAMMES
1868 – 1938

Lys si beau dont la robe est d'une pure cire
Un insecte s'acharne à te donner la mort
Mais tel que le poète en secouant sa lyre
Ton cœur sur l'ennemi sème une poudre d'or.
 
TRISTAN KLINGSOR
(1874 – 1966)
LE SOURCIER

A quoi bon courir, tel un baladin,
Le bonheur n'est pas ailleurs, quoi qu'on pense.
Le bonheur est eau profonde
Dans ton jardin.

(L'Oiseau sur l'épaule)
 
Louise LABÉ
(1533 – 1566)

Veux-tu Zéphyr de ton heur me donner
Et que par toi ne renouvelle?
Fais mon soleil devant moi retourner,
Et tu verras s'il ne me rend plus belle.
 
JEAN de LA FONTAINE
(1621 – 1695)

J'ai fait parler le loup et répondre l'agneau
J'ai passé plus avant, les arbres et les plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement?
 
ALPHONSE DE LAMARTINE
1790 – 1869

Voilà ce chêne solitaire
Dont le rocher s'est couronné :
Parlez à ce tronc séculaire,
Demandez comment il est né.

(LE CHÊNE)
 
PATRICE DE LA TOUR DU PIN
(1911 – 1975)

Et laissez-vous mener vers le jardin de l'Avenir :
La lumière porte son secret.

(Une somme de poésie)
 
ANDRÉ LEBOIS
(1916 – 1978)

Ce n'est pas pour moi, pour mes jours d'abeilles
Que j'amasse cire à pleine corbeille,
Où ton deuil, frelon viendrait s'abîmer.
Mais chante. Et Paris peut illuminer.

(Vers la nuit d'Idumée)
 
TRISTAN L'HERMITE
(1601 – 1655)

Auprès de cette grotte sombre
Où l'on respire un air si doux,
L'onde lutte avec les cailloux
Et la lumière avecque l'ombre.

(LE PROMENOIR DE DEUX ENFANTS)
 
LECOMTE DE LISLE
1818 – 1894
Nell

Ta rose de pourpre, à ton clair soleil.
O Juin, étincelle enivrée,
Penche aussi vers moi ta coupe dorée :
Mon coeur à ta rose est pareil.

(Poèmes antiques)
 
Jean LOISY
1901 – 1992

Donnez-leur un instant sur le seuil du mystère
De savoir ce qui était douceur de la terre.
 
MAURICE MAGRE
(1877 – 1941)

Et plus tard un jeune arbre un matin de printemps,
Fera monter parmi les pierres sa ramure,
et les mères verront dans les yeux des enfants
poindre, poindre les tours de la ville future.
 
 
FRANÇOIS DE MALHERBE
(1555 – 1628)

Beau parc et beau jardin, qui dans votre clôture
Avez toujours des fleurs et des ombrages verts,
Non sans quelque d'emon qui défend aux hivers
D'en effacer jamais l'agréable peinture.

(Chanson)
 
STÉPHANE MALLARMÉ
(1842 – 1890)

Des avalanches d'or du vieil azur, au jour
premier et de la neige éternelle des astres,
mon Dieu, tu détaches les grands calices pour
la terre jeune encore et vierge de désastres [...]
et tu fis la blancheur sanglotante des lys.
 
LOUIS MANDIN
1872 – 1944
(Résistant, mort en déportation
ainsi que son épouse)

La vie est douce à caresser
Seulement lorsqu'elle repose.


(L'Aurore du soir)
 
FRANÇOIS MAURIAC
1885 – 1970

Mieux que dormir, mourir sépare
Et toute chair et tout amour –
Même si l'ami de Lazare
Les ressuscite au dernier jour.

(Orages)
 
 
Frédéric Mistral with rather more facial hair than in real life, although his name is not mentioned on the statue, presumably because it has come adrift or, rather less likely, been stolen. However, a plaque very close to the statue  – in French and provençal – gives a quotation:
 
FRÉDÉRIC MISTRAL
(1830 – 1914)

Beu Dieu, Dieu ami, sus lis alo
De nostro lingo provençale
Fai que posque quera al branco dis aücèa !

(MIREILLE – CHANT I)
 
Dieu beau, Dieu ami, sur les ailes
de notre langue provençale
fais que je puisse attendre la branche des oiseaux !

(EXTRAIT DE MIREILLE)
 
 
 
JEAN MORÉAS
(1856 – 1910)

Rompant soudain le deuil de ces jours pluvieux,
Sur les grands marronniers qui perdent leur couronne,
Sur l'eau, sur le tardif parterre et dans mes yeux
Tu verses ta douceur, pâle soleil d'automne.
 
Alfred DE MUSSET
(1810 – 1857)

Mes chers amis, quand je mourrai,
Plantez un saule au cimetière.
J'aime son feuillage éploré ;
La pâleur m'en est douce et chère,
Et son ombre sera légère
À la terre où je dormirai.

(Lucie)

GÉRARD DE NERVAL
1818 – 1855

La connais-tu, Daphné, cette ancienne romance,
Au pied du sycomore ou sous les lauriers blancs,
Sous l’olivier, le myrte, ou les saules tremblants,
Cette chanson d’amour qui toujours recommence?
 
ANNA DE NOAILLES
1876 – 1933
 
Les marronniers sur l'air plein d'or et de lourdeur,
Repandent leurs parfums et semble[nt] les étendre,
On n'ose pas marcher ni remuer l'air [t]endre,
De peur de déranger le sommeil des odeurs.

(Il fera longtemps clair ce soir)

 
MARIE NOËL
1883 – 1967
Attente

J'ai vécu dans le savoir,
    Comme l'hebe pousse...
Le matin, le jour, le soir
    Tournaient sur la mousse.'

(Les chansons et les heures)
 
GERMAIN NOUVEAU
(1851 – 1920)
Les Mains

Il circule un printemps mystique dans les veines
Où court la violette, où le bluet sourit ;
Aux lignes de la paume ont dormi les verveines :
les mains disent aux yeux les secrets de l'esprit.

(La Doctrine de l'Amour)
 
EVARISTE D. DE PARNY
(1753 – 1814)

C'est aux champs que l'Amour naquit
L'Amour se deplaît à la ville
Un bocage futson asile
Un gazon fut son premier lit.

(poésies divers)
 
CHARLES PÉGUY
1873 – 1914

Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre!
Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés.

Eve (1913)
 
RAOUL PONCHON
1848 – 1937

Si mon corps, que le Mal grise,
Prit des chemins hasardeux,
Mon âme dut plaire aux Dieux,
Etant au Bien toute acquies,
Ah! la promenade exquise!
 
 
 
Alexandre Pouchkine (Eng. Pushkin)
1799 – 1837
 
SULLY PRUDHOMME
1839 – 1907

L'astronomie atteint
       où ne ment plus l'azur.

(Le Zénith)
 
 HENRI de RÉGNIER
(1864 – 1936)

Un petit roseau m'a suffi
Pour frémir l'herbe haute
Et les doux saules
Et le ruisseau qui chante aussi
Un petit roseau m'a suffi
A faire chanter la forêt.

 
JEAN RICHPIN
1849 – 1929

Il faut forcer l'aurore a naitre
                 en y croyant.
 
ARTHUR RIMBAUD
(1854 – 1891)

Les tilleuls sentent bon dans les bons jours de juins !
L'air est parfois si doux qu'on ferme la paupière ;
Le vent change de bruits, la ville n'est pas loin,
A des parfums de vigne et dews parfums de bière.

(Roman)
 
PIERRE DE RONSARD
(1524 – 1585)

Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avoit desclose
Sa robe de pourpre au soleil
A point perdu, ceste vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
 
Edmond ROSTAND
(1868 – 1918)

Je t'adore Soleil! Tu mets sans l'air des roses.
Des Flammes dans la source, un dieu dans le buisson !
Tu prends un arbre obscur et tu l'apothéoses !
O Soleil, toi sans qui les choses
Ne seraient ce qu'elles sont !

(Hymne au Soleil)
 
MAURICE ROSTAND
(1891 – 1956)

La nuit sur le tombeau
...et le chemin pâle n'avance
que dans le sens du Souvenir.

(Les Insomnies)
 
ALBERT SAMAIN
(1858 – 1900)

Les astres au ciel noir commencent à neiger,
et, là-bas, immobile au sommet de la côte
rêve la silhouette antique d'un berger.
 
ALAN SEEGER
Mort pour la France
1888 – 1916

I have a rendez-vous with Death
At some disputed barricade,
When spring comes back with rustling shade.
 
VICTOR SEGALEN
(1878 – 1919)

Ville au bout de la route
et route prolongeant la ville :
Ne choisis donc pas l'une ou l'autre,
Mais l'une et l'autre bien alternées.

(Conseils au bon voyageur.)
 
HÉLÈNE SEGUIN
1882 – 1972
L'Éventail

Il est vivant et parfumé comme une fleur
Dont la corolle souple au gré du vent voltige.
Et le bras qui le tient semble être la tige.

(Le miroir de Clélie)
 
SABINE SICAUD
1913 – 1928
LES FONTANELLES

Verts non pas anglais, vert plus doux
Qu'ont les pelouses de chez nous,
Couchants lilas baignés de roux,
Volets s'ouvrant dans le feuillage.

(Poèmes d'enfant)
 
ANDRÉ STERLING
(1890 – 1978)

Un soleil en moi-même est plus beau qui m'éclaire

(Écrit dans la lumière d midi)
 
PAUL-JEAN TOULET
(1867 – 1920)

Ce n'est pas drôle de mourir
Et d'aimer tant de choses :
La nuit bleue et les matins roses.
Les fruits lents à mûrir.

(Poèmes inachevés)
 
PAUL VALÉRY
(1871 – 1945)

Patience, patience
Patience dans l'azur
Chaque atome de silence
Est la chance d'un fruit mûr!
 
MARGUERITE DE VALOIS
[Marguerite de Navarre, née d'Angoulême]
1492 – 1549

Sur le gazon et sous les vers sapins,
Sous cabinets de fleuris aubépines,
Pour reposer, Diane s'étoit mise...

(HISTOIRE DES SATYRES ET DES NYMPHES DE DIANE)
 
André FOULON de VAULX
1873 – 1951

Mon seul titre à mes yeux
Fût d'être solitaire :
Et je veux mourir seul
comme j'aurai vécu.
 
LÉON VÉRANE
1886 – 1854

Les livres de quelques poètes,
Une pipe, un flacon poudreux,
M'ont suffi pour changer en fête
D'humbles jours sous de calmes cieux.
 
Paul VERLAINE
(1844 – 1896)

Les roses comme avant palpitent comme avant
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent
Chaque alouette qui va et qui vient m'est connue.

(POÈMES SATURNIENS. APRÈS 3 ANS)
 
THÉOPHILE DE VIAU
(1590 – 1636)

Dans ce val solitaire et sombre
Le cerf qui brame au bruit de l'eau,
Penchant ses yeux dans un ruisseau,
S'amuse à regarder son ombre.

(LA SOLITUDE)
 
ALFRED DE VIGNY
1797 – 1863

La nature t'attend dans un silence austère
L'herbe élève à tes pieds son nuage des soirs,
Et le soupir d'adieu du soleil à la terre
Balance les beaux lys comme des encensoirs.

(LA MAISON DU BERGER)
 
CHARLES VILDRAC
1882 – 1971

Sous les amandiers, au pied des treilles,
Au coeur des corbeilles,
Au sein des massifs, au long des allées,
Sont tombées fanées,
De toutes senteurs, de toutes couleurs,
Des fleurs et des fleurs.

(IMAGES ET MIRAGES)
 
François VILLON
(1431 – 1484)

Bien sçai se j’eusse estudié
Ou temps de ma jeunesse Folle
Et a bonnes mœurs dédié,
J’eusse maison et couche molle !
 
RENÉE VIVIEN
(1877 – 1909)
 
Voici la porte d'où je sors...
O mes roses et mes épines!
Qu'importe l'autrefois ? Je dors
En songeant aux choses divines...

(Poèmes retrouvées)

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